De plus
en plus d'observateurs de la vie publique en France évoquent l'éventualité, qu'ils
jugent plus que probable, d'un formidable coup de tabac dans notre pays.
Le
risque existe, à ce point de notre histoire, de voir la "société civile" -
celle qui ne se reconnaît pas dans le club des chiffes molles, qui voit sa parole
confisquée et qui ne sait plus faire confiance - se révolter si la France ne se secoue
pas de son immobilisme, de ses débats sans contradicteurs, de ses entêtements à penser
faux, de sa démocratie ankylosée.
Déjà, en juin 2003, cette " France silencieuse " mais dynamique aura
montré son impatience et sa capacité de mobilisation, en descendant spontanément et
massivement dans les rues de Paris - une foule s'étendant du Châtelet à la Concorde -
pour protester contre les grèves à répétition. "
En réalité, la guerre civile française a déjà commencé. Elle oppose les
fonctionnaires au reste de la population. La France est gouvernée par des fonctionnaires
au profit des fonctionnaires.
- "Avoir 60 % de la population mise en coupe réglée par les 40 %
restants, considère l'économiste Charles Gave, et empêcher par tous les moyens la
majorité de s'exprimer, est une politique à très haut risque".
Un constat que font également Michel Brulé et Michel Drancourt dans leur livre
intitulé " Service public, sortir de l'imposture " (Editions JC Lattès).
- "Si on se tourne, écrivent-ils, vers les réalités du secteur public
dans la France actuelle, telles que nous les avons décrites en commençant notre étude,
cette idéalisation apparaît comme une véritable imposture".
Où est la solidarité entre ceux qui voient sans cesse s'étendre le champ de
leurs privilèges et le tout-venant des Français appelés à les financer sans en
bénéficier ?
Où est l'aptitude à voir au-delà du court terme dans une politique menée par
des fonctionnaires au pouvoir pour le plus grand profit des agents publics, en sacrifiant
les dépenses de recherche et d'investissement au profit de la permanente revalorisation
des traitements et des pensions ?
Où est le respect pour le contrat social et pour la loi qui l'exprime chez ceux
qui profitent en toute occasion de la confiance que leur a faite la nation en les mettant
en situation de monopole pour abuser de leur capacité de nuire, afin d'accroître sans
cesse les rentes de situation extorquées aux citoyens "ordinaires" ?
La multiplication de telles charges contre la dictature de la fonction publique
est un signe qui ne saurait tromper. Le conflit est désormais engagé et il ne
s'arrêtera pas tant que les Français qui travaillent n'auront pas retrouvé
l'intégralité de leurs droits.
L'actuel gouvernement ne l'a manifestement pas compris.
Sa situation est celle du bouchon de champagne sur une bouteille déjà
décapsulée.
Le 31 mai 2004 |