Il y a encore, dans
notre pays, des lieux de vie calmes et tranquilles où il fait bon vivre.
Il y a aussi dans notre pays
dautres lieux de vie,
- où les enfants se font
racketter à lécole, où les professeurs sont agressés, où les étudiantes sont
violées sur les campus,
- où les braves gens
nosent plus quitter leur domicile ou sortir de chez eux le soir, se rendre à la
banque ou au distributeur de billets parce que les vols de tous ordres sexercent au
quotidien,
- ou il faut voyager en
voiture portes verrouillées pour éviter- sans toujours y parvenir- de se faire
dépouiller aux feux rouges,
- où, dans les zones dites
difficiles, plus clairement des zones de non-droit ou encore zones
interdites, nos policiers, pompiers et médecins se font agresser sans retenue et sans
raison,
- où des membres du corps
médical se font injurier et brutaliser dans les locaux de soins,
- où des véhicules sont,
chaque jour, volés et détruits par dizaines,
- où des immeubles et des
équipements de la collectivité sont vandalisés ou incendiés quotidiennement,
- où les conducteurs de
transports publics subissent injures et coups,
- où il se pratique des
assassinats gratuits de policiers et/ou de gendarmes !
- où la drogue et les armes
circulent avec une facilité déconcertante, pratiquement à découvert lorsque la police
est absente,
- des lieux de vie où la loi
est celle des délinquants et des criminels
- des lieux de vie où la
majorité des citoyens est lobjet dun véritable terrorisme exercé
par des minorités toujours plus provocatrices qui agissent dans une impunité
sidérante.
Dans ces lieux de vie là il
faisait également bon vivre avant quon laisse se développer une anarchie
destructrice qui défie toutes les lois de la République, ajoute chaque jour à la liste
des victimes civiles et de services et représente une dépense considérable pour la
collectivité.
Si nous en sommes là
cest parce que des hommes et des femmes de pouvoir, généralement nos élus,
nont pas su prendre les initiatives nécessaires en temps utile. Ils ne peuvent
en aucun cas sexonérer de responsabilité dans ces dérives car il leur
appartenait précisément de faire en sorte quelles ne se produisent pas
diriger cest prévoir
Il leur appartient maintenant dy remédier
par une application rigoureuse de nos lois et, si elles ny suffisent pas, de les
adapter pour ce faire. Ils nous doivent la bonne gestion du pays car ils ont prétendu la
connaître et nous les payons pour cela.
Nous nacceptons pas le
trop facile principe de linévitable au prétexte dune commisération
sans limites. Les délinquances et criminalités actuelles ne peuvent pas être
traitées par des paroles ou des mesures qui font sourire leurs auteurs. Elles appellent des
actes forts et la mise en uvre de sanctions justement proportionnées à la
dimension des crimes et des délits pour enfin dissuader la récidive.
Lorsquil sagit
de mineurs la responsabilité des parents doit être engagée sur tous les plans légaux
en ayant recours au besoin à des mesures dexception. La collectivité na pas
à supporter le répréhensible manquement au devoir déducation parentale.
Parallèlement il est indispensable que lEducation Nationale reprenne dans ses
programmes les valeurs morales élémentaires et de solides notions dinstruction
civique pour une jeunesse qui semble maintenant complètement manquer de repères au nom
de la méthode interdisant dinterdire. Il convient sans doute dajouter à cela
la recherche de solutions réalistes de redressement de situation pour des mineurs
multirécidivistes, trop éloignés des règles sociales, qui pratiquent la délinquance
comme on pratique un sport, les visites au commissariat ou chez le juge ne constituant que
des arrêts de jeu.
Pour lessentiel notre
refus dadmettre ces dérives vient du fait que leur traitement existe dans le cadre
légal qu'il suffit d'appliquer avec déventuelles adaptations mineures ; cela
semble simple, élémentaire
mais ne se réalise pas. La tendance serait plutôt
celle dun état desprit de permissivité, constamment à la recherche de
circonstances atténuantes mal établies, avec parfois, lincitation de groupuscules
de pression ; il en résulte le sentiment cuisant de volontés de protection de
lagresseur que lon tente de nous présenter en victime. Cette tendance se
retrouve dans lexpression de certains médias, cela devient même un classique du
genre. Qui plus est, il semblerait que sexerce une certaine forme de censure telle
que les faits de délinquance ne soient que très ponctuellement ou partiellement
diffusés en direction du grand public.
Il reste que la dimension du
problème à traiter est mal connue, parce que la statistique est inexacte, parce que
les victimes ne croient même plus à lefficacité de la plainte ou que
les déclarations de main-courante ne sont pas prises en
compte
etc. Le recours à lenquête de statistique devient alors
nécessaire pour donner des résultats très éloignés des premiers sur lesquels on se
base néanmoins pour apprécier des évolutions qui ne peuvent être que très
approximatives et incertaines.
Il reste aussi les vies
détruites, les familles endeuillées, les vies cassées, la
qualité de vie de toute une partie de la population dégradée, des professionnels de
services qui ne peuvent plus pratiquer leurs activités...
Il reste encore que ce qui
se produit dans certaines zones de vie de notre pays constitue de multiples et graves
manquements à la Convention européenne de Sauvegarde des Droits de lHomme et des
Libertés Fondamentales, en matière de droits à la liberté, à la sûreté, à la bonne
administration de la justice, au respect des personnes et des biens
et relève de
la Cour européenne des Droits de lHomme.
Le 24 janvier 2001 |