.La plus grande partie de notre temps se passe au
..
travail.
Passage obligé, la vie
professionnelle révèle souvent l'être humain dans son entière réalité, cependant
elle ne révèle aussi parfois qu'une partie de lui-même cachée derrière un masque qui
ne correspond pas à sa vraie nature et c'est bien dommage.
Il y a plusieurs façons
de vivre sa vie professionnelle, pour autant, il ne faut pas non plus la subir, car notre
société moderne tend à nous faire disparaître en tant que "Homme" et nous
remplace par des "Zombies" malléables à corvée le doigt sur la couture du
pantalon, récitant la prière du matin à St Patron.
La fin de ce siècle
verra le règne d'une nouvelle race de "Chef" dans les entreprises, quelles que
soient leur taille et leur activité.
La fin de ce siècle
verra aussi le développement du "paradoxe social" dans le monde du travail,
mais qu'est-ce donc ?
Pour moi, le
"paradoxe social" c'est le droit légitime donné aux salariés et cadres de
s'exprimer légalement et librement dans leur environnement de travail, et le devoir de
réserve pour ces mêmes salariés et cadres de s'exprimer librement. MAIS
POURQUOI ?
Je crois qu'il faut
chercher en partie directement auprès des salariés et des cadres les causes du mauvais
climat qui règne aujourd'hui dans nombre d'entreprises, mais pas seulement auprès
d'eux.
Le droit syndical, les
contraintes législatives sur la réglementation du travail, le coût du travail lui-même
sont déjà des éléments de réponse, mais il y en d'autres, et notamment l'intérêt
que chacun porte à son propre travail, à celui des autres,
la conscience professionnelle, denrées rares par les temps qui
courent.
Depuis des années,
nombre de salariés et de cadres, ont donné et donnent encore toute leur énergie, leur
courage, leur dévouement et leur compétence à leur entreprise, au détriment de la vie
privée et familiale parce que leur nature, leur mentalité les poussaient et les poussent
encore à tout donner (mais pour combien de temps ?).
Bien sur, ils en
attendaient ou attendent aussi un peu la reconnaissance et la progression dans
l'entreprise, mais pour beaucoup, il y avait, il y a aussi la passion du travail bien
fait, rapidement, au moindre coût, simplement parce qu'ils sont ou étaient comme ça.
Erreur fatale et
manifeste ? Faute professionnelle grave ? Je ne crois pas, peut-être sommes-nous
simplement des Dinosaures dans nos entreprises, notre place est au "musée du
travailleur", nous sommes remplacés, éliminés, par des
moyens d'ailleurs pas toujours très propres. MAIS PAR QUI ?
Bien qu'ils s'en
défendent, nombre de chefs d'entreprises de la dernière décennie ont adopté des
méthodes de "management" brutales, non discutables et encore moins
négociables. Leurs décisions stratégiques concernant l'avenir de
l'entreprise sont d'ailleurs souvent bonnes, leur vision de l'avenir également et ils
doivent gommer les retards accumulés pour aller de l'avant. Mais hélas
l'intendance a bien du mal à suivre, et le reproche en est souvent fait au
"Personnels anciens" qui ne sauraient s'adapter. Solution idéale pour
débarrasser l'entreprise de tout ce qui peut à terme représenter un grain de sable dans
les rouages de leur gestion futuriste voire visionnaire.
Hélas, les
"Personnels nouveaux" ne font pas toujours preuve d'une meilleure adaptation, préférant
éliminer l'existant sans pour autant mettre en place le futur d'une façon concrète et
vérifiable dans les faits. C'est ainsi que la gangrène s'installe dans des
secteurs des entreprises qui sont parfois stratégiques, et que la paralysie gagne du
terrain, car en jetant le bébé avec l'eau du bain, c'est non seulement l'histoire et la
culture de l'entreprise qui disparaissent, mais aussi son savoir et sa compétence qui se
diluent dans un torrent de responsabilités redistribuées aux "Personnels
nouvellement recrutés ou promus", parce qu'entrant dans un moule uniforme voué au
bon plaisir du "Prince" qui parfois n'en demande d'ailleurs pas tant.
En bref, la compétence
n'est pas toujours là ou elle devrait être, mais peu d'entreprises se soucient de cet
état de fait. C'est d'abord les copains des copains ayant eux-mêmes des relations, et si
la compétence est là, alors tant mieux, sinon bonjour la galère pour ceux qui rament
derrière.
Malheur à qui tente de
faire de la résistance, à quelque niveau qu'il se situe, car la pression est alors
terrible, vicieuse et sournoise pour établir un dossier en béton à soumettre au Patron.
Pour faire tomber 1 individu, toutes les énergies vont se déployer contre lui, et rien
ne lui sera épargné, mais bien sûr toujours dans la légalité, qui pourrait penser
qu'il en va autrement ?, la bonne marche prétendue de l'entreprise justifiant tout. D'ailleurs,
souvent les meilleurs finissent par se lasser, et laissent voguer la galère, car ils
n'ont pas ou plus le choix. Je les comprends, car vivre constamment en situation
conflictuelle devient ingérable.
De tous temps, un Patron
a été un Patron, c'est normal. Une entreprise doit être dirigée, la fonction n'est pas
discutable, elle est indispensable. Ce qui l'est, ce sont les Hommes, car l'Homme cesse
d'être un Homme digne de ce nom dès qu'il est grisé par le pouvoir. Et ce pouvoir
s'apparente souvent à un pouvoir absolu, monarchique, voire tyrannique. Pour
autant, il ne faut pas remettre en cause les résultats obtenus lorsqu'ils sont concrets
et vérifiables, mais le prix payé pour y parvenir laisse parfois rêveur
.......
Aujourd'hui, les Patrons
sont fiers de voir leurs effectifs renouvelés de 30 ou 40 pour cents en 6 ou 7 ans par
des personnels ayant moins de 5 à 7 ans d'ancienneté, mais ou est le résultat concret
de ce chambardement ? avoir plus de 5 ans de carrière dans une entreprise est une
fierté surtout lorsque l'on est capable de suivre l'évolution technique que ces gens là
ont bien du mal à assimiler et à mettre en uvre de façon concrète et
vérifiable sans causer de dégâts latéraux. Laissons le temps
faire son uvre, car l'atterrissage va être dur pour nombre d'entre eux, mais
souhaitons que les Patrons soient vigilants pour limiter les dégâts, et sachent établir
un dialogue HUMAIN avec tous les partenaires qui se battent pour "leur
Entreprise".
Heureusement, il reste
une pépinière de petites entreprises riches en ressources humaines bien utilisées, et
ou l'intérêt du travail prime sur l'intérêt carriériste de quelques individus sans
scrupules.
Dans ces entreprises d'avenir, la devise "c'est au pied du mur qu'on voit
le maçon" a toujours cours, et ces Patrons compétents et courageux
voient le long terme en se passant d'effets d'annonces, mais en marquant des points sur
leurs marchés, car ils savent eux que le diplôme ne remplace malheureusement pas
toujours l'expérience, le courage et le dévouement. C'est la raison pour
laquelle ils gardent leurs Dinosaures.
Le 16 juin 1999